Stupeflix, c’est la technologie la plus rapide au monde pour générer de la vidéo. Comment ça marche? Réunissez tout bêtement quelques photos, de la musique, et Stupeflix vous crée dans la minute une vidéo prête à être téléchargée ou partagée sur Youtube ou Facebook. D’accord, c’est exactement ce que font des applications telles que RockYou ou Slideshare. Et pourtant, dans son paradigme, Stupeflix est fondamentalement différent, et sa portée pourrait bien fortement impacter le Web.
Le mécanisme de base de Stupeflix s’illustre sur Stupeflix.tv, un site qui propose de créer sa chaine vidéo. Pour créer une vidéo, il suffit d’entrer quelques mots-clés. En moins d’une minute, Stupeflix récupère du contenu sur Twitter et Flickr et génère un slideshow vidéo bien ficelé qui affiche photos et tweets en rapport avec les mots-clés donnés. Là où Stupeflix se démarque largement de la concurrence, c’est en offrant une vidéo disponible instantanément au format MP4 1280×720, HD 720d (et non juste une vidéo Flash). Cela signifie que cette vidéo est portable, et peut être diffusée sur les chaines câblées et sur nos téléphones portables (contrairement à du Flash). Pourquoi développer une infrastructure vidéo aussi innovante juste pour des slideshows?
Pour répondre à cela, Nicolas Steegmann, un des fondateurs de Stupeflix, m’a sorti son iPhone pour me montrer une vidéo toute particulière: La météo. Oui, juste la météo, avec une carte des États-Unis sur laquelle de petits nuages animés faisaient tomber de la pluie sur bon nombre de capitales américaines. Une voix off accompagnait les prédictions du jour. En bref, la météo comme on la connait, à cette différence près: Ce flash météo avait été monté de toute pièce par une base de données météorologiques et l’API Stupeflix, sans aucune intervention humaine. Vu que la technologie Stupeflix est extrêmement modulable, il est possible d’insérer tout type de contenu dans la vidéo. Dans le cas de la météo, le développeur a intégré une fonction text-to-speech et l’affichage d’icônes animées dans le processus de création vidéo de Stupeflix. L’intérêt ultime de la startup française, c’est de permettre à tout flux de données la possibilite d’être publie instantanément en vidéo.
Stupeflix se positionne comme une plateforme clé pour tout marketer désireux d’exploiter les vertus de la vidéo en ligne. Alors que des entreprises telles que DemandMedia cassent les prix en vendant de la création vidéo à 30-50 dollars, Stupeflix débarque avec des prix pouvant descendre jusqu’a 20 centimes pièce. Le pouvoir de Stupeflix réside dans l’exploitation du cloud pour accélérer la compression, et dans le fait que le processus de création de contenu audiovisuel est extrêmement économique (un fichier de photos et du texte suffisent). D’excellentes cibles de pénétration de marché sont les secteurs des petites annonces, des annuaires, des guides locaux, des sites d’ecommerce et des sites de voyage.
La stratégie de développement technologique de Stupeflix est très similaire à celle de Twitter: La startup se focalise sur l’optimisation de sa plateforme, et les développeurs qui croient au succès de la technologie développent eux des applications clientes pour les end-users. Stupeflix a besoin de se faire connaitre auprès des développeurs. Pour ce faire, la startup a recruté Jeff Boudier, ancien de Zilok, en charge de l’évangélisation de la plateforme Stupeflix aux États-Unis. La mission consiste principalement à générer de l’enthousiasme autour de la technologie Stupeflix dans le but d’encourager agences et développeurs à bâtir un écosystème profitable autour de l’API Stupeflix. En toute logique, s’il est aussi possible de se mettre d’accord avec des investisseurs Nord-Americains au passage, Stupeflix ne se privera pas. Historiquement, la startup a toujours trouvé une traction beaucoup plus importante aux États-Unis qu’en France.
Le revers de la médaille, c’est que rien de tout cela n’est a la portée du non-développeur. Pour nous autres analphabètes du json et autres protocoles very Web 2.0, il y la page Stupeflix intégrée à Dailymotion, Stupeflix.tv et le studio Stupeflix.com. Sur Dailymotion, on peut créer une vidéo en uploadant des photos et une musique, ce qui est somme très générique. Stupeflix.tv permet de générer une vidéo à partir de requêtes Flickr et Twitter, ce qui laisse très peu de contrôle sur le rendu de la vidéo. Le studio Stupeflix.com propose quant à lui l’import de photos, l’édition de texte, et l’ajout de musique. Là aussi, l’expérience ne se démarque pas vraiment de ce que l’on connait déjà. Sur le studio Stupeflix.com, une fois la vidéo créée, l’upload à Youtube ou Facebook est gratuit (dans quel cas la vidéo est extrêmement mal indexée). Le téléchargement est payant, s’élevant jusqu’à 8 euros pour la version HD et white-labellisée.
D’un côté, la plateforme Stupeflix va indéniablement faire parler d’elle dans le milieu du marketing digital. De l’autre, vu que les outils Stupeflix disponibles en ligne n’ajoutent aucune valeur a l’écosystème du Web, la startup passe à côté d’une opportunité en or: Par exemple, si il était donné à un blogueur de générer une vidéo à partir du flux RSS de son blog, une sorte de rendu audiovisuel de titres de billets et de photos d’articles, nous serions alors probablement des milliers à venir créer la vidéo de notre blog afin de l’insérer au-dessus du pli. Pour Stupeflix, c’est on ne peut plus faisable, et cela générerait un buzz d’enfer. Toute startup a besoin d’utilisateurs pour cerner les bugs et peaufiner ses codes. Stupeflix semble vouloir nous dire que developper une communauté d’utilisateurs n’est pas dans ses intérêts, qu’elle préfère gérer la maladresse de ses premiers pas directement avec ses premiers partenaires commerciaux. En écartant la dimension communauté pour se focaliser sur du B2B, Stupeflix s’apparente plus à un nouveau protocole de compression vidéo en ligne, et moins à un nouvel outil de communication. J’ai peut-être un état d’esprit trop Silicon Valley, mais le nombre d’utilisateurs ainsi que la presse positive sont des arguments centraux dans la valorisation d’une startup, et j’ai un peu de mal à identifier si Stupeflix n’exploite pas cette opportunité par timidité ou par arrogance.
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